Les 40 ans du Mac : ma rencontre avec le Macintosh
Ce fut en 1985.
J'avais un job d'été à Paris, bien loin de ma province, dans une association offrant un service Minitel avec accès par abonnement.
Cela permettait tout autant de gagner de l'argent pour maintenir le service que d'éviter l'accès Minitel par le numéro 3615 qui coûtait alors 60FF par heure d'usage, équivalent à 15 € aujourd'hui.
Il y avait d'autres choses en lien avec les subventions municipales...
Je gérais essentiellement les abonnements sur ce Macintosh 128 k, via FileMaker, les lettres de relance avec MacWrite, et des prises de notes sur les appels reçus, les messages, mais aussi le support téléphonique que je fournissais.
J'étais déjà plus que familiarisé avec l'informatique, et bien qu'encore étudiant j'avais non seulement réalisé des logiciels mais même mieux j'avais été pour ça, sur différentes plateformes et dans différents langages, mais surtout en assembleur. J'avais aussi donné des cours d'initiation à l'informatique et donc au Basic.
En effet même si de nombreux logiciels existaient sur chaque plateforme, la lingua franca restait le Basic ou plutôt les Basic, chaque micro-ordinateur individuel en intégrant un, ou plusieurs même, avec quelques exceptions comme le Jupiter Ace utilisant Forth. Pour les amateurs le moyen de contrôler son micro-ordinateur et de bâtir, de créer.
Le Macintosh était totalement différent, il ne démarrait pas en mode texte avec la possibilité d'utiliser un ou des modes graphiques façon Apple ][ ou IBM PC, son affichage natif était purement graphique et il n'intégrait aucun langage de programmation. Le Macintosh 128k était une machine d'utilisateur, pas de développeur.
MacWrite était incroyable, on pouvait créer un document visuellement, à l'écran, et l'imprimer tel qu'on le voyait, du WYSIWYG, avec plusieurs fontes de caractères, dans n'importe quelle taille.
Avant j'éditais avec un outil limité, et si on avait accès au gras ou à l'italique, c'était dans la limite des fontes de l'imprimante et dans une seule taille. Rien à voir.
Filemaker venait de loin, mais l'adaptation au Mac en faisait un logiciel à la fois puissant pour gérer des données, mais aussi très pratique avec des formulaires bien présentés et bien plus agréables à utiliser que sur ses prédécesseurs en mode texte.
Même pour de la gestion de données, l'interface graphique du Macintosh montrait sa supériorité.
Une toute petite boîte qui donnait de grands services et accessibles par n'importe qui en l'espace de quelques heures, ce qui est fondamentalement différent des autres micro-ordinateurs, Lisa excepté, et qui sera rejoint par le Commodore Amiga, l'Atari ST, Windows et de nombreux autres.
Après ce panégyrique, il faut parler de ce qui m'a fâché, qui explique pourquoi je ne suis vraiment venu au Mac que 20 ans plus tard...
Le Macintosh 128k était lent, très lent, et passait son temps à lire et relire les ressources sur la disquette, faute d'avoir assez de RAM, il suffoquait littéralement sous le peu de travail que je lui faisais faire.
Et le point bonus, là aussi faute de RAM et faute d'un second lecteur, c'est la copie de disquette, que je faisais chaque soir avant de partir pour avoir une sauvegarde sur moi.
C'était absolument insupportable, une machine au si grand potentiel gâché par un manque de RAM, et un seul lecteur de disquette intégré.
Si la RAM n'avait pas bougée, et pour cause, avant la fin de l'été on l'a affublé d'un lecteur de disquette externe, m'évitant alors de jongler en permanence et plus encore pour faire mes copies de sauvegarde.
Mais je maudissais ce Macintosh 128k, incomparablement plus lent que des ordinateurs 8 bits sur des tâches similaires.
Le Mac mini G4 m'a réconcilié avec Apple, d'abord car extensible en RAM (256 Mo poussables à 1 Go) et en capacité disque, ensuite par son prix mesuré, et enfin par OS X. Tout s'est alors aligné.