Un rootkit dans une carte réseau
Il y a encore une quinzaine d'années, tous les composants d'un ordinateur (ou presque) étaient directement sous la tutelle du processeur, ce dernier gérant leur fonctionnement. Depuis, progressivement, ces composants ont commencé à acquérir de l'intelligence devenant des appareils périphériques dotés de puissance de calcul et capables de fonctionner de manière de plus en plus autonome du processeur afin de le décharger. Plutôt que de devoir gérer leur fonctionnement, ce dernier donne des ordres qui sont exécutés et reçoit directement le résultat fini. C'est tout particulièrement le cas des cartes graphiques, mais aussi de certaines interfaces comme le réseau. Un chercheur s'est particulièrement intéressé à l'une de ces dernières, récente et particulièrement efficace. Son efficacité est liée au fait qu'elle a justement son propre processeur et donc son microcode capable de le gérer. Ce chercheur a réussi à décoder ce microcode et à en recompiler un nouveau dans lequel il a inclus un rootkit, un logiciel aux visées malveillantes pouvant par exemple envoyer ou collecter des données sur le réseau à l'insu de l'utilisateur.
Le résultat a de quoi inquiéter puisque la carte peut alors devenir un véritable espion, envoyant des comptes-rendus de connexion sans que l'utilisateur de la machine ne puisse se rendre compte de quoi que ce soit étant donné que tout se passe à un niveau logiciel inaccessible, même au système d'exploitation.
Bien entendu, il ne s'agit ici que de la preuve que les choses sont possibles, mais certains domaines très sensibles devront certainement un jour commencer à vérifier le code intégré sur les composants des machines qu'ils achèteront afin d'être certain qu'ils n'ont pas été caviardés par des espions de tout poil.