Apple: 17 ans de fermeture de ses machines
Les nouveaux MacBook Pro, les modèles dotés de Touch Bar, sont les premiers Mac de l'histoire où il n'est pas possible à des fabricants tiers de proposer la moindre mise à jour, quelle qu'elle soit. Impossible dans le futur de vouloir remplacer sa RAM, ce n'est plus possible depuis 2012, sa carte Wi-Fi et maintenant son SSD.
Par de nombreux aspects ces machines sont commercialisées comme le sont les iPhones, comme des produits finis, dont les spécifications sont définitivement figées le jour de l'achat ou de la commande et jusqu'à la fin de leur vie.
Si l'on devait remonter dans l'histoire d'Apple, tout a commencé il y a maintenant 18 ans dès le retour de Steve Jobs à la direction de la société. Ce fut l'arrêt des clones ou plus exactement de la vente des licences de Mac OS et des ROMS à des sociétés tierces. A l'époque il s'agissait d'une obligation, ces machines moins chères et parfois plus puissantes se vendaient trop bien et compromettaient la survie de la société.
La seconde étape, plus marquante encore fut le déploiement à la fin 1999 d'un nouveau firmware sur les Powermac G3 B&W destinée à bloquer l'installation de processeurs G4 à la place de leur G3. La chose était simple et en faisait des équivalents des G4 PCI. Apple pouvait donc perdre des ventes et a ainsi bloqué pour un bon moment les fabricants de ces cartes filles.
Depuis, progressivement, Apple a tout fait pour avoir un contrôle toujours plus poussé de son écosystème et de ses clients. La règle a toujours été simple. Tous ceux qui faisaient du business grâce à Apple étaient soit des partenaires utiles (tant qu'ils l'étaient) soit des parasites qui profitaient de leur marché.
Il fallait donc toujours plus tout mettre en œuvre pour éliminer ces parasites et récupérer le business dont ils osaient bénéficier.
On a connu ça avec les revendeurs Apple, qui ont été laminés, mais aussi en faisant tout pour que les pièces détachées soient assez spécifiques pour ne pas être vendues par d'autres.
Souder les SSD des nouveaux portables aura été une dernière étape pour se débarrasser de sociétés qui comme OWC osaient proposer des secondes montes moins chères.
Notez que si nous ne sommes pas d'accord avec cette tendance, elle force quand même notre admiration. Il s'agit là d'une politique qui avec opiniâtreté a mis 18 ans à arriver à son terme et n'a été possible que parce que Steve Jobs a assuré une parfaite continuité du pouvoir, même après sa mort et s'est assuré pour que ses fidèles restent en place.
On peut deviner la prochaine étape du contrôle total de l'écosystème. Elle passera par un passage intégral de la gamme Mac sur des processeurs maison, très certainement ARM, avec une transition pour bloquer tout ce qui est indésirable à terme grâce au processeur des Touch Bar et des capteurs d'empreintes, qui servira à s'assurer que seuls des vrais Mac supporteront OS X.
Apple est ainsi depuis fort longtemps. Elle a ses clients dont elle semble propriétaire et auxquels elle impose ses règles et des produits qui, bien qu'ils soient vendus, sont maintenant concédés pour une durée de vie donnée et au prix qu'elle a décidé.
C'est triste à dire, mais le comportement d'Apple n'est plus très éloigné de celui de certaines sociétés pharmaceutiques qui vendent des fortunes (totalement déconnectées de la réalité commerciale) des produits innovants et apportant un réel bénéfice immédiat aux malades.