Microsoft bétonne le cerveau de nos chérubins
Pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi cette affaire, un rapide rappel des faits s'impose.
Fin 2015, un accord de partenariat avait été signé entre l'Education nationale et la firme de Redmond.
Cet accord (ou convention) prévoit que Microsoft fournira un ensemble de services et produits, afin d'aider nos chérubins à mieux se préparer au monde numérique (texte intégral disponible à cette adresse) :
1 - Engagement dans une démarche d'adhésion à une « Charte de confiance » permettant d'assurer la protection des données personnelles des élèves et des enseignants.
2 - Accompagnement et formation des acteurs du Plan Numérique à l'Ecole
3 - Mise à disposition de solutions pour une utilisation intelligente, facile et optimale des équipements mobiles
4 - Expérimentation pour l'apprentissage du code à l'école
5 - Aide aux acteurs français de l'e-Education
Suite à la signature de cette convention, un collectif, qui défend le logiciel libre entre autres, avait alors "effectué une demande de recours gracieux au Ministère afin de faire marche arrière sur cette décision qui revenait à lier le monde de l’enseignement à un acteur unique, une grande multinationale du numérique dont les intérêts ne sont pas forcément ceux de nos enfants et de leurs enseignants."
Une première audience a eu lieu ce mois, le 8 septembre 2016, afin de décider d'une éventuelle suspension de cette convention, en attendant une décision au fond.
Le jugement, rendu ce jour, rejette le recours du collectif.
Au-delà de la décision de justice, nous ne pouvons que constater - une fois de plus - du niveau d'implication qu'un acteur comme Microsoft souhaite élargir au sein du périmètre scolaire. Loin de vouloir contester les produits de cette société (le propos n'est pas là), une telle convention enferme les utilisateurs dans un modèle technologique et risque fort d'asseoir encore plus la domination de Microsoft...
Ce n'est pas, non plus, la première fois qu'un mastodonte du logiciel y va au forceps, mais nous pouvons légitimement nous poser la question du lobbying dans un tel contexte.
Certes, Apple nous a aussi habitués à enfermer ses utilisateurs dans un modèle technologique, mais Mac OS X ou iOS n'ont pas fait l'objet d'accord ou de de convention avec une autorité nationale, à cette échelle.
Microsoft doit bien se douter qu'une sorte d'exclusivité pourrait s'imposer d'elle même à terme.
L'école doit pouvoir rester un lieu d'ouverture, de culture d'esprit, d'apprentissage et de critique.
Noël approchant, méfiez-vous si vos enfants vous demandent "un Windows Phone, une suite Office 365 et une base de données SQL Server" !
Pour finir, rassurons-nous, cette convention ne durera que 18 mois !