SSD "modernes" : méfiez vous des débits annoncés par les constructeurs !
Alors que la mémoire TLC (qui stocke trois bits par cellule) est moins performante que la MLC classique (deux bits par cellule) qui équipe la majorité des SSD grand publics, les chiffres de débit annoncés par les constructeurs pour leurs modèles à base de TLC sont souvent excellents, avec des niveaux équivalents à ceux des SSD MLC. Il faut toutefois se méfier encore plus de ces chiffres que d'habitude...
En effet, pour arriver à ces bons débits, Samsung et Sandisk, les deux principaux constructeurs à utiliser de la TLC, ont intégré à leurs SSD des mécanismes de pseudo "cache" qui consistent à utiliser une partie de la mémoire comme s'il s'agissait de SLC (un bit par cellule). Les performances en écriture sont alors bien supérieures, mais uniquement tant que ce "cache" n'est pas rempli. Le SSD profite ensuite des périodes de repos pour transférer ces données en mode TLC.
On savait déjà que sur les Samsung 840 EVO, les performances en écriture séquentielle étaient divisées par deux à trois selon les capacités une fois le "cache" rempli. C'est désormais au tour de Sandisk de se faire épingler par AnandTech sur ce point : l'Ultra II de 240 Go, spécifié pour 400 Mo/s en séquentiel, tombe à 240 Mo/s une fois le "cache" plein. Cette baisse de performances est toutefois plus tardive que sur le Samsung de 250 Go, qui n'embarque que 3 Go de "cache", contre 10 Go pour le Sandisk.
Dans une moindre mesure, les nouveaux M600 de Crucial sont également concernés par cette chute de performances, mais uniquement sur les petites capacités (128 et 256 Go) et les modèles en barrettes. Ils utilisent bien de la mémoire MLC, la même que dans le MX100 dont les débits en écriture plafonnent à 150 Mo/s en 128 Go et 330 Mo/s en 256 Go, mais Crucial annonce 510 Mo/s pour toute la gamme M600. Pour y parvenir, le SSD va également fonctionner en mode SLC, mais cette fois sur un volume limité uniquement par la capacité totale : tant que le SSD est rempli à moins de 50%, seul un bit est écrit dans chaque cellule, au delà les données seront réorganisées pour passer à 2 bits par cellule.
Alors que les SSD Samsung et Sandisk à base de TLC s'écroulent lors de longues opérations d'écriture, ceux de Crucial ne s'écrouleront donc que lorsque le taux de remplissage dépassera 50%. Mais le résultat est le même : dans les deux cas on se retrouve avec des débits largement inférieurs aux promesses des constructeurs.
Le débit en écriture séquentielle ne devrait du coup plus être utilisé pour comparer les SSD, tant cette valeur perd de son sens quand les constructeurs mettent en place des mécanismes qui peuvent la faire varier du simple au triple en quelques instants...
Notons tout de même que ces contre-performances sont à relativiser, puisque l'intérêt d'un SSD reste avant tout ses temps d'accès faibles, tandis que les débits en écriture séquentielle on relativement peu d'influence sur les performances perçues à l'usage, sauf lors de la manipulation de très gros fichiers.