[Mise à jour] Avec Android, Google aurait "privatisé" une partie du noyau Linux
On est un peu loin du Mac et d'Apple dans cette brève, mais les conséquences risquent d'avoir un impact direct sur son écosystème… Et en plus c'est très intéressant :)
Android, le système d'exploitation pour mobiles et tablettes de Google a déjà plusieurs procédures judiciaires en cours. Celle dont on a le plus entendu parler est sans doutes l'attaque d'Oracle qui reproche à Google d'avoir volé du code de Java.
Il ya quelques jours, il a été découvert que Google utilisait des scripts maison pour "nettoyer" les commentaires et d'autres informations de plus de 700 fichiers de code source du noyau Linux (2,5 Mo exactement). À la suite de quoi, en haut de chaque fichier la mention "no copyrightable information" était ajoutée.
Sans entrer dans les détails des différentes licences que Google utilise pour Android, il faut comprendre de cette affaire qu'ils auraient en fait détourné l'esprit de la licence GPLv2, celle qui gouverne à l'utilisation du noyau Linux. Il est tout à fait autorisé d'emprunter du code sous GPLv2, mais le résultat doit rester sous GPLv2 ! C'est ce qu'on appelle le "copyleft".
Linus Torvalds, le créateur de Linux avait lui-même bien expliqué en 2003 le principe de la GPL dans la mailing-list officielle du noyau Linux. Or, pour permettre à l'écosystème Android d'exister, pour permettre aux développeurs qui l'adoptent de vendre leurs applications, ou pour permettre aux fabricants de mobiles de développer un système d'exploitation spécifique, Android ne pouvait pas rester sous GPLv2. Google a donc choisi, en plus d'autres licences, la licence Apache, non concernée par le copyleft.
En résumé, Google aurait pris du code, et l'aurait placé sous un autre statut plus avantageux pour lui permettre de revendiquer une propriété intellectuelle sur le produit fini.
Cette fois Google risque gros. Android est très menacé, mais pas seulement Android. Sont concernés aussi tous ceux qui ont construit un OS ou un logiciel en utilisant les fichiers mis en cause. Florian Mueller (auteur d'un des articles utilisé comme source pour cette brève) a demandé à un développeur Linux de faire une liste de tous les fichiers qui dépendent de la librairie créée par Google à l'aide des 700 fichiers en question. Cette liste fait 27 000 lignes et se répand sur 1276 pages !
Deux solutions pour Google, tout passer sous licence GPL, mais c'est alors tout l'éco système qui s'écroulera, ou alors remplacer les fichiers incriminés, ce qui demanderait un travail colossal. À moins qu'ils n'arrivent à en trouver une troisième solution…
Pour l'instant, il n'y a pas encore de procédure judiciaire contre l'auteur d'Android et concurrent direct d'Apple. Mais cela ne fait que quelques jours que l'affaire est connue dans les détails...
[Màj] Les défenseurs du logiciel libre n'ont pas l'air de s'inquiéter de la mise en cause contre Google. Linus Torvalds a déclaré que les fichiers entête (dans la mesure ou ils ne contiennent que des déclarations et pas de code) ne sont pas concernés par la licence GPL (en fin d'article). Nous allons chercher à avoir aussi les réactions de Edward J. Naughton qui a émis le premier la thèse du non-respect de licence et Florian Mueller qui a donné un large écho à cette thèse. À suivre donc.