A quand une aide à la frappe digne de ce nom pour l'iPhone en français ?
L'aide à la frappe était présentée, au moment de son lancement, comme un gros atout du terminal à tout faire d'Apple : non content d'aider à faire oublier l'absence de clavier physique de l'iPhone, contribuant ainsi à faire taire les adeptes des Blackberry et consorts, ce système "intelligent" promettait de limiter les abus d'une écriture, de type SMS, souvent trop présente sur le web. Pour moi, à l'époque, passer d'un iPhone US jailbreaké 1.0.2 au firmware 1.1.1, qui donnait accès au clavier AZERTY et au dictionnaire français, c'était Byzance. Mais aujourd'hui, force est de constater que ce système, bien loin d'être "intelligent", semble au contraire, à l'usage, de plus en plus bête. Ou bêtement laissé en plan par Apple. Pourtant, parler aujourd'hui d'aide à la frappe "intelligente" au sujet de l'iPhone prêterait plutôt à rire. Jaune.
Tout d'abord, la partie "auto complétion" du système d'aide fonctionne assez mal : il est en effet rare qu'il fasse une proposition avant qu'on ait atteint les toutes dernières lettres du mot à frapper. L'intérêt, comme l'aide, sont alors à tout le moins limités. Mais ce ne serait encore rien, n'était la propension de cette "aide" à proposer, pour compléter la frappe en cours, une solution inappropriée ! Sur ce point, la situation paraît même assez préoccupante, laissant à penser que les ingénieurs d'Apple ne se sont guère intéressés aux applications de leur système à d'autres langues que l'anglais... On est loin, en tout cas, des qualités historiques d'Apple : le moindre logiciel de la Pomme est aujourd'hui mieux localisé que le système d'aide à la frappe de l'iPhone, leur vaisseau amiral auprès du grand public !
Partons d'un exemple pour voir où le bât blesse. Pourquoi systématiquement proposer "ouï" quand le terme "oui" est bien plus courant en français ?
(Ou "bât", justement, à la place de "bat"...)
On dira que c'est lié à la façon dont le clavier de l'iPhone gère les accents. La logique est la suivante : comme il est plus facile de taper un mot sans accent, proposer une autre orthographe, accentuée, au cas où, ça ne mange pas de pain...
Avec un minimum de pratique, ce qui peut paraître, au départ, logique à un ingénieur (s'exprimant de surcroît - en toute hypothèse - dans une langue sans accents, l'anglais), s'avère relever de la fausse bonne idée. Ce système, à n'en pas douter, est d'ailleurs moins adapté au cas français qu'à d'autres langues européennes, comme l'italien ou l'espagnol, dans lesquelles il faut moins souvent discriminer entre des mots proches, selon qu'ils sont accentués ou pas, que dans la nôtre.
(Ici, l'iPhone aurait eu raison de proposer "nôtre" ; le problème, c'est qu'il le propose aussi dans tous les cas, plus nombreux, où c'est inadapté).
On dira, alors, qu'il suffit de décliner la proposition. Certes. A chaque frappe ? Et donc, à chaque fois quitter la ligne en cours de saisie, pour viser le minuscule onglet servant à refuser la proposition d'auto complétion ? On a vu plus pratique, surtout pour les gros doigts... Quant à espérer qu'à un moment donné, une certaine forme d'apprentissage rendrait plus "intelligentes" les propositions d'auto complétion, on constate hélas que l'iPhone retient fort peu le "dictionnaire personnel" de son propriétaire (prénoms, termes récurrents...). Et si on lui sait gré iPhone de proposer "façon" au lieu de "facon", entre "marin" et "matin", pourquoi persiste-t-il à "penser" que le premier est plus fréquent ?
Si cette news peut paraître sévère, c'est à l'aune des espoirs qu'on pourrait placer dans ce système, qui mérite d'être revu et amélioré. Car en l'état actuel des choses, l'aide à la frappe de l'iPhone relève du gadget inutile, inadapté à notre langue, faute de réelle réflexion : que vaut une "aide" qui ajoute des fautes ?
Si Apple voulait revoir sa copie (lors d'une prochaine mise à jour du firmware ?), il faudrait se pencher, pour commencer, sur le dictionnaire de l'iPhone, véritable nœud du problème : à l'heure actuelle, l'utilisateur subit un dictionnaire standard inadapté (qui ne sait pas faire de proposition "intelligente"), et n'a aucune possibilité d'y accéder, encore moins de le personnaliser. A cet égard, l'aide à la frappe de l'iPhone est bâclée, moins performante mais surtout, moins bien conçue que celle de Word... qui n'est pourtant pas une référence en termes d'ergonomie.
Peut-être ne faut-il peut-être pas demander l'impossible (même si c'est souvent ce qu'on attend, parce qu'Apple y parvient très souvent). Mais pourquoi subir un système d'aide pour l'heure moins efficace que celui d'un Sony Ericsson d'il y a deux ans ?