Dell fait sa révolution et veut être distribué par des revendeurs
Dell s'est bâti sur un système économique inédit dans le monde de l'informatique, ne proposer ses produits qu'à la vente en ligne, esquivant ainsi les marges à distribuer aux revendeurs et assurant des produits moins chers que ses concurrents. Pendant longtemps ce système a eu un succès indéniable, faisant de la société le plus gros revendeur informatique du monde.
Apple a largement lorgné sur son modèle économique est s'en est inspiré pour créer son Apple Store online, qui en quelques années s'est taillé un énorme morceau des parts de marché de la société et a accaparé l'essentiel de sa croissance au détriment des revendeurs traditionnels. Et encore aujourd'hui, Dell reste un modèle. Pour s'en convaincre, il suffit de constater que l'essentiel des recrutements de l'Apple Store se fait en débauchant des personnes venant justement de Dell.
Mais alors qu'Apple triomphe et se permet une croissance à deux chiffres, Dell va mal et a perdu sa place de leader. Pour tenter d'enrayer sa baisse de ventes, Dell songe maintenant à se créer un réseau de distributeurs qui vendront ses machines dans des boutiques physiques.
Il est intéressant de voir se confronter ainsi deux systèmes économiques différents de sociétés qui le sont encore plus et surtout d'assister à une telle convergence, qui les mènera tous deux à avoir une très forte présence en ligne saupoudrée de distributeurs physiques dont le but ne sera que d'assurer les ventes que les clients ne veulent pas passer sur le Web.
Car c'est visiblement le but que vise Apple. Ne concéder des marges aux revendeurs que si c'est indispensable, et encore les moins larges possibles. Ceci a eu dans le monde et surtout en France, marché que nous connaissons particulièrement bien, des effets assez pernicieux qui mettent maintenant Apple dans l'embarras.
Dans notre pays, beaucoup de revendeurs ont mis la clé sous la porte, détruisant la continuité du réseau, et surtout, par le jeu des acquisitions et des fusions, créé un géant, né du rapprochement entre Motek et eBizcuss, qui contrôle maintenant plus de la moitié des ventes physiques en France.
Or Apple a toujours eu des rapports de force avec ses revendeurs, et avoir un interlocuteur aussi gros n'est pas de leur goût car il peut se permettre de vouloir changer les règles du jeu, qui sont habituellement plus que défavorables aux revendeurs.
Pour tenter de le contrer, Apple a été obligé de faire marche arrière, et au lieu de laisser mourir les autres revendeurs, ce qui semblait être leur but inavoué, a commencé à les inciter à agrandir leurs points de vente, tandis qu'ils aidaient de nouvelles boutiques à s'ouvrir. C'est la raison pour laquelle on voit depuis un peu plus d'un an fleurir d'un coup les Apple Premium Resellers un peu partout.
Mais de l'aveu de beaucoup d'acteurs, le ressort des canaux traditionnels de la distribution de Mac est déjà cassé, et l'avenir est sombre pour ces revendeurs. A moyen terme, une bonne partie risque de disparaître au profit des FNAC et autres coins Apple dans les supermarchés qui ont aujourd'hui les faveurs d'Apple Europe.
Rendez-vous dans quelques années pour savoir quelle société d'Apple ou de Dell aura eu raison, l'une en développant un réseau de revendeurs, et l'autre en s'en débarrassant.