Vie privée : la Suisse menace de devenir un mauvais exemple
Alors que la Suisse était jusqu’ici un symbole de neutralité et de respect de la vie privée, de nouveaux règlements en discussion pourraient faire basculer ce modèle.
Les autorités helvétiques planchent actuellement sur un durcissement des lois encadrant les communications numériques. Il ne s’agit pas ici d’une nouvelle loi, mais d’une interprétation beaucoup plus restrictive des textes existants, qui permettrait aux autorités d’exiger en temps réel l’accès aux données d’identification des utilisateurs, y compris sur des services chiffrés… et sans passer par un juge.
Autant dire que des services comme ProtonMail et ProtonVPN, bâtis sur la promesse de l’anonymat (ou plutôt d’une pseudonymie solide) et d’un chiffrement fort, verraient leur modèle complètement remis en cause.
Andy Yen, le CEO de Proton, ne mâche pas ses mots : selon lui, si ces règles devaient s’appliquer, Proton offrirait moins de confidentialité que Google. Autrement dit, tout ce qui fait l’intérêt même de leurs services serait anéanti. Il évoque même un possible déménagement de Proton hors de Suisse, affirmant que ces mesures rappellent dangereusement celles en vigueur… en Russie.
Heureusement, la partie n’est pas encore jouée : plusieurs cantons s’opposent à ces changements, et des partis politiques montent au créneau pour défendre les droits fondamentaux des citoyens.
Mais ce nouvel épisode montre une fois de plus que la vie privée est en recul un peu partout, sous les assauts conjoints des États et d’acteurs économiques toujours plus gourmands en données. Même là où on croyait être en sécurité.